mercredi 24 janvier 2018

DIVINITE ALPHA - L'Oeil de Repseth

« Depuis des millénaires le continent Pellhinare est sous la coupe des fanatiques de Repseth. Après la disparition des derniers Titans, leur dieu victorieux a banni ses adversaires divins et leurs derniers soutiens au Pays de l'Oubli. Pourtant, au cœur même de Pellhinare, quelques combattants isolés, druides, métamorphes, nerhafens ou sélénites, défient sans relâche sa puissance et traquent les dernières parcelles de pouvoir titanesque. Lorsqu'un chevalier assoiffé de vengeance dérobe l'Œil de Repseth, la relique la plus sacrée de l'Empire, l'ordre repsethi tremble. Nombreux sont ceux qui souhaitent utiliser les pouvoirs de la relique pour servir leurs propres desseins. Mais c'est sans compter sur la volonté sournoise et possessive de l'Œil lui-même... »

Première chose à dire sur ce roman, c'est le « tome 1 », et en voyant réunis tous les éléments d'une grande saga (un chevalier qui vole un mystérieuse et puissante relique, un continent entier sous la coupe d'un culte maléfique, pouvoirs magiques à foison et créatures métamorphes), je me suis tout naturellement précipité sur le tapuscrit... ah, j'aurais peut-être hésité si j'avais mieux regardé la mention d'un univers pré-existant: "Les chroniques de la Mort Blanche", parce qu'il faut toujours faire un effort pour comprendre l'univers d'un auteur quand on ne commence pas la lecture par le début, et j'ai justement une sainte horreur de faire des efforts...

« Dissimulé derrière la meurtrière, Arwyn vérifia la rune à feu de son mousquet, puis regarda à travers la lunette enchantée ». En quelques phrases, on sait déjà tout ce qu'il faut savoir (ou presque) sur cet univers: la magie omniprésente, un peuple de marins d'inspiration viking (les nerhafens), les premières armes à feu... Nous sommes clairement dans l'univers familier des amateurs de Donjons & Dragons, et en particulier dans sa version épique.
Le premier chapitre me donne l'impression de lire le tome 3 du Seigneur des Anneaux en ayant zappé les deux premiers. Cette comparaison n'est pas anodine car c'est précisément dans ce volume que Sam Samgace ose porter l'anneau et que son pouvoir corrupteur se fait pleinement sentir... et l'Oeil de Repseth exerce lui aussi une influence corruptrice sur son porteur, au point d'être un personnage à part entière, et pas seulement un "objet maudit" qui vous rend la vie impossible.
L'ambiance est à la limite entre la fantasy et le steampunk. Même si la technologie est quasi-absente, son substitut magique, la «technomagie» est omniprésente : votre mousquet magique n'a pas seulement une «rune magique» pour l'activer, il a également un indicateur qui affiche la distance de la cible, un processus magique qui crée des projectiles magiques qui iront fracasser les défenses magiques de vos adversaires... ou leur crâne pas magique s'ils n'ont pas le temps d'élever leur bouclier magique et qu'ils n'ont pas de casque magique... Bref, il y a de la magie partout et elle brille de mille feux à chaque page, ce qui est bien pratique pour lire au lit.
Je serais même presque tenté de dire qu'il y en a trop...
Mais la magie, c'est comme le miel, on a beau dire que c'est trop sucré, on en remet quand même sur ses tartines.
Malgré cela, on se laisse très vite entrainer par une action qui ne vous laisse pas une minute de répit, le récit commence par un combat qui semble désespéré, il enchaîne sur une course poursuite dans un univers inconnu et peu à peu, les personnages dévoilent leurs secrets... car il faut le dire, Arwyn le chevalier, Farhagen le magelame, Arcane la guerrière-esclave de Farhagen et Arminène la métamorphe ont tous leur histoire et des secrets dont les indices sont distillés au fil des pages avec une précision digne d'un grand alchimiste de l'écriture... Nicolas Cluzeau posséderait un stylo magique qui affiche (en ancien ormérien) les informations à donner au lecteur que je n'en serais pas plus étonné.
Cette longue course poursuite amènera nos héros jusqu'aux portes de l'oubli, un lieu mystérieux ou la magie et la technologie se mêlent au point qu'on n'arrive plus à les distinguer (ce passage est celui qui m'évoque le plus l'ambiance « steampunk »).
Ce qui se passe ensuite est un pur délice pour ceux qui savent apprécier les trahisons, retournement de situations et conflit titanesques, mais ce serait gâcher votre plaisir de le révéler maintenant...