Première chose à dire sur ce roman,
c'est le « tome 1 », et en voyant réunis tous les
éléments d'une grande saga (un chevalier qui vole un mystérieuse
et puissante relique, un continent entier sous la coupe d'un culte
maléfique, pouvoirs magiques à foison et créatures métamorphes),
je me suis tout naturellement précipité sur le tapuscrit... ah,
j'aurais peut-être hésité si j'avais mieux regardé la mention
d'un univers pré-existant: "Les chroniques de la Mort Blanche", parce qu'il faut toujours faire un effort
pour comprendre l'univers d'un auteur quand on ne commence pas la
lecture par le début, et j'ai justement une sainte horreur de faire des efforts...
« Dissimulé derrière la
meurtrière, Arwyn vérifia la rune à feu de son mousquet, puis
regarda à travers la lunette enchantée ». En quelques
phrases, on sait déjà tout ce qu'il faut savoir (ou presque) sur
cet univers: la magie omniprésente,
un peuple de marins d'inspiration viking (les nerhafens), les
premières armes à feu... Nous sommes clairement dans l'univers
familier des amateurs de Donjons & Dragons, et en particulier
dans sa version épique.
Le premier chapitre me donne
l'impression de lire le tome 3 du Seigneur des Anneaux en ayant zappé
les deux premiers. Cette comparaison n'est pas anodine car
c'est précisément dans ce volume que Sam Samgace ose porter
l'anneau et que son pouvoir corrupteur se fait pleinement sentir...
et l'Oeil de Repseth exerce lui aussi une influence corruptrice sur
son porteur, au point d'être un personnage à part entière, et pas seulement un "objet maudit" qui vous rend la vie impossible.
L'ambiance est à la limite entre la
fantasy et le steampunk. Même si la technologie est quasi-absente,
son substitut magique, la «technomagie» est
omniprésente : votre mousquet magique n'a pas seulement une
«rune magique» pour l'activer, il a également un
indicateur qui affiche la distance de la cible, un processus magique
qui crée des projectiles magiques qui iront fracasser les défenses
magiques de vos adversaires... ou leur crâne pas magique s'ils n'ont
pas le temps d'élever leur bouclier magique et qu'ils n'ont pas de
casque magique... Bref, il y a de la magie partout et elle brille de
mille feux à chaque page, ce qui est bien pratique pour lire au lit.
Je serais même presque tenté de dire
qu'il y en a trop...
Mais la magie, c'est comme le miel, on
a beau dire que c'est trop sucré, on en remet quand même sur ses
tartines.
Malgré cela, on se laisse très vite
entrainer par une action qui ne vous laisse pas une minute de répit,
le récit commence par un combat qui semble désespéré, il enchaîne
sur une course poursuite dans un univers inconnu et peu à peu, les
personnages dévoilent leurs secrets... car il faut le dire, Arwyn le
chevalier, Farhagen le magelame, Arcane la guerrière-esclave de
Farhagen et Arminène la métamorphe ont tous leur histoire et des
secrets dont les indices sont distillés au fil des pages avec une
précision digne d'un grand alchimiste de l'écriture... Nicolas
Cluzeau posséderait un stylo magique qui affiche (en ancien
ormérien) les informations à donner au lecteur que je n'en serais
pas plus étonné.
Cette longue course poursuite amènera
nos héros jusqu'aux portes de l'oubli, un lieu mystérieux ou la
magie et la technologie se mêlent au point qu'on n'arrive plus à
les distinguer (ce passage est celui qui m'évoque le plus l'ambiance
« steampunk »).
Ce qui se passe ensuite est un pur
délice pour ceux qui savent apprécier les trahisons, retournement
de situations et conflit titanesques, mais ce serait gâcher votre
plaisir de le révéler maintenant...